COMORES - Deux femmes ont été emprisonnées ce samedi 8 juin aux Comores pour avoir demandé à se marier.
Cela constitue selon la justice "des faits contraires aux bonnes moeurs et contre nature". Elles risquent jusqu'à deux ans d'emprisonnement et une amende 600 euros...
Le procureur Ali Mohamed Djounaid a déclaré que les femmes étaient placées en détention provisoire dans une prison de la capitale, Moroni, après une comparution devant le tribunal au cours de laquelle elles ont été accusées d'avoir eu des "relations sexuelles contre nature".
-"Elles sont accusées d'actes contraires aux bonnes mœurs et à la nature", a déclaré M. Djounaid. Si elles sont reconnues coupables, les deux femmes, âgées de 22 et 25 ans, pourraient être condamnées à une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans, a-t-il ajouté.
"Elles ont été présentées au parquet ce 8 juin pour des faits unanimement considérés comme étant contraires aux bonnes moeurs et contre-nature", selon un communiqué du procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid.
Ces deux habitantes de ce petit archipel très conservateur de 870.000 habitants, très majoritairement musulmans, ont été soupçonnées d'avoir demandé la semaine dernière à un juge religieux de les marier.
"L'enquête n'a pas établi qu'elles s'étaient présentées à un prédicateur de leur localité pour lui demander de les unir dans les liens du mariage", admet toutefois le procureur dans son communiqué.
En revanche, "Les deux jeunes filles entretenaient une relation amoureuse entre elles et qu'elles habitent ensemble depuis presque deux ans", précise-t-il.
"C'est plutôt un homme qui aurait dit au prédicateur que ces femmes avaient l'intention de se présenter devant lui pour qu'il les marie, c'est un peu une suite de ce qui s'est passé dernièrement à Mayotte", a clarifié Ali Mohamed Djounaid, interrogé au téléphone.
Une Franco-Comorienne et une Réunionnaise se sont mariées civilement dans le département français de Mayotte à la fin du mois dernier, provoquant une onde de choc toujours très vive aux Comores.
Mayotte, dont la souveraineté est toujours revendiquée par les autorités comoriennes, est distante de 70 kilomètres de cet archipel.**
Ces dernières années, les relations entre personnes de même sexe ont fait l'objet d'une répression croissante dans certains pays africains. Les lois anti-LGBTQ+ sévères adoptées en Ouganda et au Ghana ont été vivement condamnées par les pays occidentaux et les défenseurs des droits de l'homme.
Un rapport de l'association de défense des droits Human Dignity Trust, basée au Royaume-Uni, indique qu'il existe peu d'exemples connus de lois anti-LGBTQ+ appliquées aux Comores au cours des dernières années.
Source : ►news.yahoo/ AFP - 08/06/2024
* "OULIME KAOUNA SHIBA" (la langue n'a pas d'os = On peut faire dire ce que l'on veut aux mots.) proverbe Comorien.
POUR INFO :** "Le territoire des Comores était un territoire d'outre-mer (TOM) français détaché de la colonie de Madagascar le 27 octobre 1946 et composé des quatre îles principales de l'archipel des Comores (Grande Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte). L'union des Comores est membre de la Ligue arabe, de l'Organisation de la coopération islamique, de l'Organisation internationale de la francophonie et de l'Assemblée parlementaire de la francophonie. Colonie française à partir de 1892, les Comores ont obtenu leur indépendance le 6 juillet 1975. L'île de Mayotte, est devenue le 31 mars 2011 un département d'outre-mer de plein droit suite au référendum du 29 mars 2009 initié par le gouvernement français."