LA QUESTION TRANS
Double invisibilisation,"mixité choisie" ou accueil des personnes trans*: le mouvement féministe et lesbien est confronté à de nombreux défis. Tour d’horizon avec trois militantes genevoises.
"Des féministes prennent la défense et alertent sur les pressions exercées par les groupes d’activistes trans.
Même si elles n’ont pas eu lieu comme prévu en avril dernier, les marches de la visibilité lesbienne ont gagné en force ces dernières années. Les femmes qui aiment les femmes reprennent la parole, redescendent dans la rue et revendiquent leur histoire pour elles-mêmes...
(...)Les femmes ont moins d’expérience à occuper l’espace public et à prendre la parole. C’est toujours les mêmes rengaines qui reviennent et c’est difficile à avaler.» rappellent Yolanda Martinez et Christiane Parth, respectivement présidente et coordinatrice de Lestime..
En Suisse et dans le monde, le mouvement lesbien continue de subir une double invisibilisation: en tant que femmes et en tant que lesbiennes. «Si les lesbiennes ont beaucoup soutenu les combats féministes dès mai 68, les femmes hétéro ne les ont pas souvent soutenues en retour. Il y a toujours eu ce clivage, mais aujourd’hui on le sent moins.
Parmi les sujets qui suscitent la polémique, la «mixité choisie». Lestime, comme d’autres associations, l’utilise de longue date comme un outil d’empowerment. Se passer de la présence d’un groupe dominant – les hommes cisgenres dans ce cas-là – permet de mieux discuter et de créer une culture commune en dehors du cadre sociétal.
- «On reçoit souvent des appels d’hommes cis* qui se plaignent de ne pas pouvoir venir à certains événements», racontent Yolanda et Christiane. «Ils se sentent complètement démunis et il faut qu’on justifie le fait qu’on souhaite passer des soirées sans hommes cis, alors qu’on a juste envie d’être entre nous.»
*Cis, Cisgenre désigne l'identité de genre d'une personne correspondant au sexe assigné à sa naissance, par opposition à celui de transgenre, identité de genre différente du sexe assigné à la naissance.
Dans les pays anglo-saxons, mais aussi en France, le mouvement féministe et lesbien est secoué par la question de l’accueil des femmes trans*, illustrée avec fracas par les prises de positions de l’auteure J.K. Rowling.
Ce courant est désigné par l’acronyme TERF, pour «féminisme radical excluant les trans*», apparu pour la première fois aux États-Unis en 2008. «C’est un courant essentialiste et biologiste qui part du principe que toutes les femmes doivent avoir une vulve et des règles.
Les femmes trans* ne sont donc pas des femmes à leurs yeux, mais des mâles déguisés», explique Alexandra, du groupe Trans* de l’association 360. - «Les TERF craignent que les personnes trans* essayent de s’infiltrer dans les mouvements féministes pour renforcer le patriarcat, comme une sorte de cheval de Troie», ajoute-elle.
En effet, comme le mentionne Karine Espineira dans son article intitulé «La sexualité des sujets transgenres et transexuels saisie par les médias», les personnes trans* ont très vite été assimilées à la prostitution. «La femme transgenre est sursexualisée par association aux représentations de la pornographie et assimilée à la prostitution», remarque-t-elle. Véhiculée par les médias, cette assimilation a causé du tort à toute la communauté trans* jusqu’au sein du mouvement LGBTIQ+. À Lestime, Yolanda et Christiane admettent qu’il peut exister des tensions. «Il y a des personnes dans notre communauté qui sont moins tolérantes concernant les femmes trans* mais, assurent-elles, le but de Lestime c’est de représenter toutes les femmes et de défendre leurs droits.»
Source 360.ch 11/11/2019 ►Suite de l'article complet.
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